Tout photographe passionné, arrive un jour à avoir à réaliser un reportage photo. Faire alors une série de photos sur un sujet donné, n’est pas chose aisée. Nous allons donc voir les écueils à éviter et les actions à mener pour assurer un reportage structuré et agréable pour celui qui le regarde.
Préambule
Un reportage photo doit transmettre une émotion pour captiver le lecteur. Pour ce faire, il devra donc offrir un point de vue précis. Les photographies et le texte d’accompagnement, devront être harmonieux, afin de transmettre à vos lecteurs l’émotion liée au sujet du reportage ! Comme vous vous en doutez, cela n’est pas facile à réaliser. Il faut donc préparer soigneusement son sujet avant de réaliser le reportage sur le terrain. Avoir une idée des émotions qu’on souhaite transmettre, et réaliser les photos en conséquence. Puis, se laisser une marge d’adaptation et d’imprévu à l’issue de la séance photo pour peaufiner les réglages entre, les photos et l’article.
Nous allons donc passer en revue les principaux aspects utiles à la maîtrise du reportage photo :
Choisir un sujet
Faussement facile, l’opportunité de reportage photo, tu éviteras !
Attention à ne pas vous lancez, bille en tête, dans la couverture du mariage de votre meilleur ami. D’autant que le reportage de mariage n’est pas un sujet facile, loin de là ! Il possède ses propres codes qu’il faut connaître et respecter. Choisissez plutôt un sujet avec lequel vous n’avez pas d’affect particulier et surtout aucun enjeu majeur !
Proche de chez toi, le sujet de reportage photo, tu choisiras !
Choisissez si possible un évènement proche de chez vous. Le plus facile est, je pense, de se consacrer à photographier un événement tel qu’un carnaval, une fête locale (école, ville,…), une manifestation (sportive, politique, etc…). Cela permet d’avoir un sujet unique et simple car borné dans le temps et dans l’espace.
Dans les médias, ton prochain sujet de reportage photo, tu trouveras !
Vous ne savez pas comment trouver un sujet intéressant ? Rien de plus simple ! Consultez les journaux locaux, faites des recherches sur Internet ou auprès des syndicats d’initiative, des mairies, etc… Ainsi, vous trouverez le planning des manifestations qui se déroulent proche de chez vous. Et plus c’est proche, plus c’est simple de s’y préparer en faisant des repérages sur place.
En reportage photo, ton sujet, tu aimeras !
L’inspiration, en la matière, n’est dans ce cas pas un vain mot. Car comme le dit l’adage « on ne photographie bien que ce que l’on aime ». Il est donc indispensable que vous ne couvriez que des évènements avec lesquels vous vous sentez à l’aise. Et si possible avec lesquels vous éprouvez un réel intérêt. Par ailleurs, la couverture d’un reportage que vous réaliserez pour la première fois, aura la saveur de la découverte. Et cela est particulièrement stimulant pour la pratique photographique. On distingue alors les choses avec un œil neuf, l’émotion aux aguets, sans aucun apriori. Cela permet de vivre et de ressentir intensément cette nouvelle expérience, et de la capter. La fraicheur du sujet est donc indéniablement un atout pour la réussite d’un reportage photo. C’est pour cette raison, que personnellement, j’aime à faire varier mes sujets de reportage.
Le matériel de reportage photo
Bon, vous avez choisi votre prochain sujet. Il vous parait accessible et passionnant. Alors c’est parti ! Mais il faut maintenant réfléchir à comment s’y prendre et donc préparer le matériel adéquat.
Portrait, paysage et gros plan, en reportage photo, tu maîtriseras !
Une chose est certaine, rien ne remplacera jamais un appareil que vous maîtrisez parfaitement ! C’est-à-dire, avec lequel vous savez faire du portrait, du paysage et du gros plan, les trois principaux aspects photographiques d’un reportage. Pour se faire, il faut maîtriser le cadrage, la profondeur de champs et la vitesse d’obturation. Par conséquent, ces notions de base de la photographie sont considérées comme maîtrisées pour la suite de cet article.
Limité, le matériel, tu prendras !
Il faudra à minima, un sac à dos le moins encombrant possible permettant de transporter :
- un (ou deux, l’idéal) boitier réflexe,
- un objectif 24-70 mm pour les plans larges,
- un objectif 70-200 mm pour les portraits et plans très rapprochés,
- un (ou deux, si deux boitiers) flash cobra puissant et possédant un mode « Fil-In ».
- cartes mémoire et batteries pour boitier(s) et flash(s).
Maîtrisé, le matériel, tu préfèreras !
Il ne faut pas découvrir tout ce matériel le jour du reportage. Il faut donc avoir fait des essais préalables à l’évènement à couvrir et si possible sur place.
À l’issue de cette phase de tests, vous maîtrisez parfaitement le fonctionnement de votre matériel afin qu’en fonction de la situation vous puissiez agir en conséquence dans l’instant pour prendre le cliché que vous souhaitez ! Votre matériel ainsi maîtrisé vous pouvez vous consacrer à la traque de vos instants d’émotion à capter pour votre reportage photo.
Le format RAW, en reportage photo, tu privilégieras !
Je vous conseille fortement d’utiliser le format RAW. En effet, ce format permet de retravailler les images en postproduction (traitement sur ordinateur) et notamment la balance des blancs et les niveaux de luminosité. Ce point est important car en reportage, les conditions de lumière sont souvent difficiles. Et ce, au point de mettre en défaut les meilleurs automatismes. Les erreurs d’exposition et les dominantes de couleur pourront ainsi être très facilement corrigées sur un logiciel de retouche d’image compatible avec votre boitier photo (Lightroom). Attention, le format JPG n’offre pas cette souplesse. De plus, chaque réenregistrement de votre photo JPG en dégrade irrémédiablement sa qualité ! Le format RAW sera donc votre ami pour limiter la casse et pouvoir exploiter, au mieux, les prises de vues qui vous font vibrer !
D’un flash, ton boitier, tu équiperas !
Mais pourquoi un flash me direz-vous ? Et bien parce que le reportage est très souvent situé dans des lieux qui sont prévus pour tout, sauf pour faire de belles photos ! Il est par expérience, extrêmement fréquent d’avoir un joli sujet mais pas la lumière, ou une jolie lumière, mais un sujet dans l’ombre. C’est donc très frustrant ! Le flash, fera par conséquent, partie intégrante de la panoplie du photo reporter. Et surtout, il sera en permanence en bonne place de façon à toujours être prêt à l’emploi. Si vous n’en êtes pas persuadé, regarder les évènements couvert par des reporters professionnels. Les flashs crépitent en permanence ! 🙂
Sur ton flash, le mode « Fil In », tu sélectionneras !
Par défaut, il faudra le mettre en mode « Fil In ». Ce mode d’éclairage « Fill In » permet de compléter l’éclairage du sujet principal en conservant l’éclairage naturel environnant. Cela équilibre la photo en évitant d’avoir des zones de l’image surexposées ou sous-exposées. C’est donc très pratique en reportage photo pour équilibrer l’éclairage entre sujet et environnement.
Ton flash cobra, tu n’oublieras pas !
Certain se disent peut-être « moi je m’en fous car j’ai un flash intégré ». Et bien non, désolé, car souvent il ne sera pas suffisant. Les flashs intégrés sont presque tous de faible puissance (petit nombre guide) Ils permettent un éclairage « correct » à trois mètres mais au-delà c’est le noir total ! Par contre, les flashs de reportage communément appelé « cobra » sont bien plus puissants. Certains atteignent un nombre guide de plus de 30 ce qui permet un bon éclairage dans la dizaine de mètre. Cette puissance lumineuse permettra des prises de vues dans des angles et des conditions bien plus délicates avec de réelles chances de succès. Favorisez donc un flash puissant et si possible avec un zoom intégré TTL qui focalise la lumière proportionnellement à la focale utilisée (indispensable au 200mm). L’idéal étant également de pouvoir le déporter de manière à offrir un éclairage encore plus naturel. Mais là c’est déjà du perfectionnement, donc hors sujet 😉 .
Mémoire et énergie, tu n’oublieras pas !
Mais que d’énergie il faut pour tout cela ! Et oui. Mais le grand avantage maintenant en numérique c’est qu’avec deux batteries bien chargées, une carte mémoire de bonne capacité (16 ou 32 Go) et des piles de rechange pour le flash on peut déclencher sans se soucier du nombre de photos, pendant des heures !
En fonction du sujet, le bon objectif tu choisiras !
Il est quasi illusoire de penser pouvoir en changer d’objectif en pleine foule sans risque pour votre précieux matériel ! Donc, je vous conseille de choisir votre objectif en fonction du type de reportage et de ne pas chercher à en changer. Vous voulez être polyvalent. Choisissez un zoom trans-standard type 24-70 mm (plein format). Vous voulez faire du portrait, une longue focale sera plus appropriée (70-200 mm). Personnellement, j’utilise très souvent mon 24-70 mm sur mon boitier plein format pour le reportage de rue. Pour les portraits, je m’approche donc de mon sujet et entre en contact avec lui ;-). L’idéal étant, bien sûr, deux boitiers équipés des objectifs complémentaires… Maintenant il faut noter que certains hybrides haut de gamme, offrent ces possibilités en un seul équipement !
La prise de vue en reportage photo
Maintenant que vous avez le bon équipement et que vous maîtrisez les techniques de prise de vue, il faut faire une moisson de photos.
Pour réussir votre projet, pas de secret, il faut avoir préalablement étudié votre sujet, son contexte, sa localisation, ses meilleurs moments, ses plus beaux point de vue, etc…Et avoir réfléchit préalablement à l’histoire qu’on veut raconter et vers quels émotions ont veut conduire notre lecteur.
Étudiée, ta préparation sera !
Le web est indéniablement une source de renseignements précieuse. Identifiez au préalable tout ce qui peut être intéressant durant l’évènement et faites votre choix sur l’angle sous lequel vous allez traiter votre sujet et sur ses moments incontournables. Car sans don d’ubiquité, il est physiquement impossible d’être partout. Par contre, si vous manquez la scène maîtresse de l’évènement, votre reportage prendra l’eau. Vous devrez donc vous êtes préparé un programme précis, des heures, des lieux et des personnes à photographier absolument !
Les endroits lumineux, tu privilégieras !
La lumière est l’élément fondamental de la photographie. Sans lumière, point de photo ! Il faut donc mettre tout en œuvre afin de trouver de belles lumières. Et partout où elle manque il faudra composer avec de la lumière artificielle. Merci le flash 😉 . Si vous connaissez le lieu (ou le parcours) et les horaires vous pourrez aisément déterminer les meilleurs endroits. La carte peut être d’une aide précieuse mais rien ne remplace la reconnaissance préalable des lieux. Et si possible aux mêmes horaires que le reportage à venir.
Du contrejour, tu te méfieras !
Pour un défilé, il peut être intéressant de se positionner au départ pour voir l’ensemble des participants une première fois. Puis, ayant fait un choix de sujets de se positionner sur le parcours pour effectuer les clichés avec un bon angle et si possible une bonne lumière. Faites attention à toujours avoir le soleil dans le dos sinon gare au contrejour ! Avec l’expérience, on peut faire de très belles photos en contrejour mais pour débuter, il est conseillé d’éviter cette situation. Il y a déjà assez fort à faire avec tout le reste !
Ta sensibilité, tu laisseras déclencher !
Mais le principal, comme je l’ai évoqué en préambule de cet article, est de laisser votre sensibilité guidez vos déclenchements. Mettez votre boitier dans un mode polyvalent (priorité ouverture F8-11 et 400-800 ISO) le flash en mode « Fil In » et observez tout ce qui se passe autour de vous en vous représentant mentalement le cadrage que vous pourriez mettre en place. Vous repérez une scène qui dégage de l’émotion, là, visez-cadrez-déclenchez ! Puis au premier cliché, baissez votre appareil et vérifier éventuellement l’histogramme. Tout est ok, alors, reprenez au plus vite l’affut ! Ceci afin de ne pas louper de moment précieux.
Le contact, tu faciliteras !
Si vos sens sont en alerte, vous sentirez parfois certaines personnes inquiètes, en vous voyant les photographier. Personnellement, très vite j’essaie de les rassurer. J’engage la conversation et je leur transmets éventuellement mes coordonnées afin qu’elles puissent voir mes photos. Dans la majorité des cas, cela suffit à rassurer. Et la séance photos reprend dans la bonne humeur. Mais n’insistez pas, en cas de refus, les autres sujets ne manquent jamais !
Angle de vue varié, souvent tu feras !
Attention à ne pas prendre toutes les photos debout, droit comme un I et du même endroit. Variez les angles en faisant des contreplongées ou des plongées. Variez les cadrages ! Pensez au cadrage vertical, mais également diagonal. Et dès que le sujet est dans la boite en bon nombre, changez d’endroit !
Avant de déclencher, ton sujet tu serreras !
Faites attention à « serrer » (cadrer) votre sujet au plus près. Si votre sujet est perdu au milieu d’une foule votre lecteur se perdra dans l’image ! Il faut donc penser à l’aider à voir l’essentiel. Identifiez toujours le sujet avant de cadrer-déclencher. Favorisez donc les plans rapprochés avec un sujet bien en évidence (utiliser les points de forces) qui donne tout son sens à la photo.
De préserver le photographe, tu n’oublieras pas !
Un reportage est parfois long et souvent éprouvant physiquement. Chaleur, froid, inconfort, bousculade sont très fréquemment au rendez-vous. Il est donc indispensable que vous pensiez à vous garder en bonne forme. Lorsque la fatigue arrive la sensibilité se transfert sur le mal-être et le reportage passe au second plan. Quand on arrive à cet extrême, il faut savoir s’arrêter. Puis aller se restaurer, se réchauffer, se réconforter bref, se remettre en forme sans quoi le reportage sera terminé. Je conseille l’anticipation. Pensez à emmener de l’eau l’été, des vêtements chauds et imperméable l’hiver, ainsi que des aliments énergétiques en cas faiblesse. 😉
La publication du reportage photo
Après la super journée de prise de vues s’annonce la dure nuit de post-production. C’est-à-dire la sélection des cliché et leur développement avant publication (c’est pour cela qu’il faut penser à se préserver 😉 .
Je plaisante à peine. Un reportage n’a de sens que s’il parait au plus près de l’événement. Plusieurs semaines après, l’intérêt et bien moindre ! 🙁
Dans la sélection, impitoyable tu seras !
Commencer par le tri et la sélection des images, sans aucune retouche. Et là je ne dirais qu’une seule chose : Toute photo floue, mal éclairé, mal cadrée, sans intérêt etc… sera irrémédiablement éliminée. Ne soyez surtout pas indulgent avec vos images et n’hésitez absolument pas à éliminer. Le premier tri en ce sens est toujours pertinent. Si vous ne le faites pas, vous vous retrouverez quelques mois plus tard avec un disque dur plein de photos sans aucun intérêt !
Sur un écran étalonné, uniquement tu retoucheras !
Vous avez fini le premier tri. Vos meilleures photos sont sélectionnées. Il ne reste plus qu’à les développer. C’est-à-dire de les traiter de manière à faire ressortir le sujet. Et ainsi mettre en avant l’émotion qu’on a eue au moment de la prise de vue. Pour cela, il faut rendre les photos lumineuses et contrastées avec un histogramme bien réparti. Attention à ne faire ce développement que sur un écran étalonné. En effet, si votre écran n’est pas étalonné vos retouches seront aléatoires d’un écran à l’autre et je ne vous parle même pas de l’impression papier !
Et à l’issue de cette seconde phase, il faut encore trier et éliminer afin au final de ne garder que les meilleures !
Captivante, ton histoire, tu raconteras !
Maintenant que vos photos sont prêtes, il faut les faire vivre dans votre reportage et donc qu’elles illustrent l’histoire que vous racontez. Il faut donc écrire l’histoire de cet événement, sous l’angle que vous aviez décidé de prendre avant de le réaliser. Un point de vue précis illustrera avec plus de force le message que vous souhaitez communiquer sur ce reportage 😉 .
Harmonie, son édition, démontrera !
La publication de votre reportage et sa forme constitue donc l’étape ultime de votre reportage photo, qu’il ne faut ne surtout pas négliger. Car tout cela serait inutile, si la boucle émotionnelle n’était pas bouclée, entre vous et votre lecteur !